jeudi 17 juillet 2008

MER DE MARMARA, LE RETOUR - suite




Départ à 6h30 le 15, vers Gelibolu ; une nouvelle étape de 60 milles nautiques. Pas un poil de vent ; quelques trains de houle ; un phénomène que j'ai déjà observé avec Bernard et Michel et que n'explique ni le vent, ni le sillage des cargos dans le rail ; sans doute un phénomène de résonance propre aux mers fermées, et où par addition des vaguelettes peuvent faire naître une dizaine d'ondes de houle toutes les 5 minutes.


Evidemment Ticotte roule un peu lors de leur passage car il n'y a pas assez de vent pour que la voile s'appuie et atténue le phénomène ; et puis Ticotte est de nature un peu rouleuse.


Francis est allongé sur ma couchette et au passage, je le trouve grisâtre et transpirant ; il me décrit des malaises variés et je lui suggère de venir à l'air sur le pont, ce qu'il refuse énergiquement. Bien vite il vomit abondamment et demande instamment que je le dépose "n'importe où".


L'image de la côte sur le GPS traceur est fausse ; Rod Heykell prévient bien qu'il ya dans ce coin de nombreuses erreurs parfois importantes dans la cartographie qui n'a pas été révisée depuis le 19ème siècle ; un port (Kumbag) y est dessiné très hypertrophié, comme si on avait voulu faire une synthèse précise entre un relevé juste de la jetée et un relevé faux de la côte. Ne pouvant me fier à un relevé aussi faux, et n'ayant sur la carte papier pas assez de précision, j'emploie l'erreur systêmatique pour ne pas rater le port : on va trop à droite pour être sur de trouver ce qu'on cherche sur la gauche en atteignant la côte.


D'ailleurs, il y a manifestement une brise lame à 3 milles devant le nez du bateau. Le port ressemble à Kumbag, mais tous les ports du coin sont construits sur le même modèle avec un brise-lame rectangulaire et l'entrée située côté ouest. Nous entrons dans un charmant petit port de pêche, avec un quai libre permettant un atterrissage simple aidé par Evelyne qui après avoir nursé Francis a gardé sa vaillance, et un pêcheur qui vient cueillir notre amarre. où sommes nous demande Francis requinqué par la proximité du plancher des vaches ; je ne peux que lui répondre "n'importe où" ; effectivement le pêcheur interrogé nous situe à Barbaros à peine mentionné par Rod Heykell et franchement zappé par la cartographie du SHOM et le GPS traceur.


Bien sur Francis ne peux continuer la croisière ; il m'avait bien prévenu, et je le remercie de l'effort qu'il a fait pour tenir jusque là, mais j'étais persuadé qu'en commençant par des temps calmes, il allait s'amariner comme la plupart (à commencer par moi qui ait régulièrement le mal de mer en début de croisière). Un petit tour dans le village où les gens sont particulièrement accueillants et serviables ; il y a de nombreux cars qui pourront remmener mes amis ; pas de banque ce qui me gène beaucoup puisqu'à court de devises je viens de les taper de 100 YTL.


Mais nous nous reverrons, peut-être même d'ici peu car ils ont bien l'intention de continuer le voyage par voie terrestre. Les bagages sont débarqués, vérifiés pour être sur de ne rien oublier. On échange des bisous, Francis repousse juste Ticotte pour qu'en virant elle ne touche pas le quai; et me voila reparti en solitaire salué par mes amis que je laisse en plan. Ils seront le soir même à Assos que je n'atteindrai pas avant 3 ou 4 jours, si la météo le veut bien, et nous restons en contact par SMS.


Bon, maintenant, faut atteindre Gelibolu ; le moteur poussé au maximum tolérable, le vent qui se réveille dans l'après-midi, passe arrière permettant de mettre les voiles en ciseaux avec foc tangonné (derniere photo), le choix de piquer loin de la côte, au ras du rail à distance du contre-courant, tous ces petits facteurs me permettent de combler en grande partie mon retard. Pas grand monde, et je peux même me taper trois petites siestes d'un quart d'heure (le maximum pour ne pas rater une collision après avoir vérifié qu'il n'y a personne en vue!).


J'arrive près de Gelibolu à la tombée de la nuit, et plutôt que d'entrer de nuit dans un port bordé d'écueils, je m'arrête dans la baie en amont où le mouillage sur ancre est autorisée ; un petit coup de guindeau électrique (installé à Bar), et me voilà ancré par 6 mètres de fond, devant une plage en train de déguster une tranche d'agneau et des spags après un spritz réparateur.


Dans la nuit le vent se lève (heureusement que c'est protégé pour le vieux Rod!), et surtout une houle inconfortable qui fait tout voltiger dans le bateau qui roule joyeusement d'un bord à l'autre; un peu de peine à dormir ; il faut vérifier que l'ancre ne chasse pas au moins toutes les heures. Heureusement que Francis n'était plus à bord ; je ne sais pas comment j'aurais pu le déposer!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour à Evelyne !
Superbe voyage! Merci pour les photos et le récit.
Bonne route, enfin bon vent ...
Virginie, du lycée.
vlacomme@club-internet.fr
PS: J'ai déjà envoyé un message, le 2 juillet.J'espère que cela ne dérange pas.