Après le survol express d'Izmir et Pergame, il faut partir. La météo prévoit vent fort à partir de la fin de la matinée, mais l'étape est courte. Le bureau de la marina n'ouvre qu'à 9h ; j'y suis, la papasserie est vite envoyée par une adorable employée turque (alors que son collègue traine en plissant son front et en inventant des problèmes inexistants). Il faut encore cloturer le transit log puisque je quitte la Turquie. La mignonne me propose que la marina se charge des formalités pour 20€, mais me précise bien que cela n'ira pas plus vite ; autant le faire soi-même d'autant qu'elle me fait un plan détaillé des endroits où je dois aller au port de la ville à 800 mètres, et m"explique bien l'ordre des étapes à franchir.
La première a le don de m'énerver : c'est la visite au bureau du port pour le transit log. La secrétaire me demande d'attendre et continue à tripoter des papiers pour s'occuper les mains, un autre employé lit le journal, avant de peigner longuement la girafe ; derrière moi, les demandeurs commencent à s'accumuler tandis que le bureau du chef reste vide. Un beau parleur arrivé en dernier s'enfile dans le bureau vide, n"y trouve pas le chef sous sa table de travail et en ressort sans arrêter de jacter. Enfin, le chef arrive, avec des airs de Rapetou venant de finir son petit déjeuner, et bien sur le beau parleur le suit avant que je ne puisse réagir. Bien sur (enfin bien sur pour ceux qui me connaissent, je pousse une gueulante, la secrétaire va prévenir le chef qui abrège le "haut parleur" et me reçois enfin. Après lui avoir exposé les motifs de mon insatisfaction, il examine pesamment les papiers, y applique quelques tampons, consulte un bouquin, puis signe enfin le truc avant de me le rendre. Il reste encore la police et la douane, mais là, aucun problème, je suis reçu par les hommes de base (le chef n'a sans doute pas fini son breakfeast, mais au moins, il sait délèguer).
Retour en clopinant (toujours ce vieil Achille qui me talonne depuis Trois), visite express au supermarché astucieusement implanté à la porte de la marina (je prend deux litres d'ayran, c'est délicieux et il n'y en a oas en Grêce et du pain. IL faut encore débrancher l'électricité, retourner au bureau de la marina pour régler mes dettes et montrer le transit log dûment tamponné. je peux partir... il est midi, et le vent souffle en rafales.
Comme d'habitude, Ticotte en marche arrière est ingouvernable, surtout avec du vent de travers, et son nez passe à 5 cm des voisins, sans toucher heureusement; c'est parti. Vent Ouest Nord Ouest, F5 avec pointes F6, de face avec mer formée, et le chenal en zigzag à suivre. J'ai tout de suite mis deux ris ; le diesel est très efficace depuis que j'ai gratté les coquillages qui altéraient le profil de l'hélice (c'est bien dit, non?), je ferme vite les hublots et le poste avant. Pas de problême, en dehors des douches salées que je ne peux éviter quand je vais sur la plage avant (photo 1), Ticotte avance vaillament face au vent, à 2,8 kts, et le pilote automatique barre aux petits oignons, ce qui me permet de vérifier à tout moment la navigation ; c'est pas si mal.
Au bout d'une heure, je suis sorti du chenal, et maintenant au largue, toujours avec deux ris ; Ticotte file à plus de 5 Kts, aidée par le vent et le courant favorables, en roulant les mécaniques, ou plus précisément en roulant bord sur bord ; ce n'est pas un bateau de près, et au portant elle est rouleuse, c'est-là son moindre défaut. Le meltem c'est jouable, travers ou au portant ; évidemment de face, c'est possible, mais pas tenable pour une grande nav. Le dinghy tiré par Ticotte, ballotté par les vagues, parfois soulevé par le vent fait une sarabande infernale ; j'ai pris une petite vidéo mais je crains que ce soit trop lourd pour la transmettre tant que je n'aurai pas trouvé le truc pour la raccourcir. Sinon, je vous ferai un festival de vidéo à la rentrée (derviches tourneurs, visite de la marbrerie de Saraylar, et maintenant le dinghy-twist!)
A 16 heures, Mytilène se rapproche, flanquée au Nord d'un imposant Kastro, forteresse byzantine. Alors que les vagues sont toujours présentes, et le vent entre 4 et 5, je m'aperçois que les cheminées d'usine (un incinérateur) fument droit ; le port et la ville sont bien protégés par la montagne ; l'arrivée sera calme.
Entrée dans le port, énorme ; en principe, il faut aller à droite et essayer de trouver une place à quai, en jetant l'ancre. Mais à gauche, à un endroit vide sur la carte et sur le traceur GPS, il y a un grosse jetée en béton et quelques mats derrière. En étudiant la carte, je m'étais dit qu'ils devraient y mettre une marina ; c'est chose faite, mais elle est vide : à peine une dizaine de bateaux pour 2 ou 300 place ; ça permet de se mettre à quai, la manoeuvre la plus simple quand on est seul, devant un beau voilier suisse dont les occupants descendent courtoisement pour attraper mes amarres ; le pied (photo 2).
Un peu de rangement, et je pars en exploration ; il y a des bornes électriques, mais aucun bateau n'est branché, donc ça ne marche pas encore ; il y a de belles vitrines, mais pas de mobilier, pas un pékin. J'ai mis le pavillon jaune pour signifier que j'entrais sous douane, mais personne que ça intéresse.
Du coup, je me tape les 2 Kms pour faire le tour du port jusqu'à la ville, cherche attentivement mais ne trouve pas les coasts guards (Helleniki limaniki soma). Quelques constructions d'allure bavaroises m'étonnent dans le contexte (photo 3), mais elles étaient signalés dans mon guide des îles grecques Petit Futé ; désolé le routard, mais j'irai d'île en île et ce guide-là correspondait tout à fait à ce que je voulais).
A cette heure (j'ai faim, bien que faute de cuisine possible je me sois bourré de loukoums pendant la traversée), je ne trouve que des fast food. Il y a bien des calamars qui sèchent dans un garde-manger grillagé, mais devant une maison de pêcheur (Photo 4). Finalement, j'ingurgite un horrible sandwich avec un steak haché écrasé à l'intérieur ; heureusement je retrouve la bière Mythos qui est délicieuse. Retour à la marina en clopinant, une soupe achetée en Croatie et prétendument française d'après l'intitulé, et au lit ; j'ai un polar à finir.
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