Je ne vous raconterai pas toutes les églises rupestres, car il y en a plus que de tabacs dans un quartier parisien. Elles ont pratiquement toutes le même plan, avec sur le parvis ou dans l'entrée, des excavations rectangulaires danslesquelles on manque se casser la figure et qui sont des tombes ; puis une nef avec des peintures murales (pas des fresques qui nécesitent un enduit préalable ; les peintures rupestres sont peintes directement sur la roche). L'autel comporte sur la gauche habituellement des fonds baptismaux.
Après avoir visité un peu superficiellement un musée en plein air avec une église rupestre tous les 20 mètres,à l'entrée de la vallée de Soganli, nous avons continué tous les deux seuls une ballade extraordinaire dans la vallée au milieu des cheminées de fée transformées en pigeonniers (il y en a bien plus que dans la vallée des pigeonniers du premier jour). Féérique et vraiment magnifique, cette ballade dans une nature tourmentée par endroits, paisible au milieu des vergers et des peupliers bordés par un petit ruisseau ailleurs. Un enchantement de parcourir cette vallée sans rencontrer un téléobjectif derrière chaque arbre ; une seule rencontre, un berger avec son troupeau de boeuf. (photos 1 à 4)
Avant de quitter la Cappdoce, encore une petite aventure plus personnelle qui doit se situer le 13 dans la soirée ; encore un musée en plein air, je ne sais plus où, encore des églises pleines de japonais mitraillant au flash malgré les interdictions le peu de peintures rupestres encore en bon état. Nous sortons un peu lassés, et un kilomètre plus loin, une église isolée à visiter ; hors site.
Un sentier engageant, l'absence d'autre touriste nous engage et au bout de 500 mètres, nous trouvons effectivement une église troglodyte, et son gardien turc. Il parle quelques mots d'anglais, nous donne quelques explications sur l'histoire et la topographie de son église puis disparait. Il nous laisse le temps d'assimiler, puis vient ajouter un détail ; disparait, revient et nous engage vers une porte dérobée. Cette visite si discrètement mais efficacement guidée devient passionnante ; on découvre des salles dérobées, puis un premier étage protégé par une pierre de meule comme je vous en ai montré une dans la ville souterraine de Derinkuyu. Du premier étage transformé en pigeonnier, il m'engage à explorer avec la lampe électrique qu'il me prête (Lilou a abandonné) un souterrain d'une vingtaine de mètres (mais pas plus d'1m40 de haut) ; il précise qu'il y a un ascenseur au bout, et de faire bien attention à ne pas tomber , effectivement dans une salle à nouveau protègée par une meule il y a un trou profond dans le plancher. Un peu étonné je sors du labyrinthe pour le retrouver en train de discuter avec Lilou devant le thé qu'il a préparé pour nous.
Il me demande si j'ai vu l'ascenseur et me renvoie vers une salle éloignée où je trouve le bas de "l'ascenseur". Cette cheminée d'une cinquantaine de cm de diamètre portait des échelons sculptés dans la paroi permettant à de robustes gaillards de monter ou de descendre en rappel comme le faisaient autrefois les petits ramoneurs savoyards dans les cheminées de nos ancêtres.
Après cette visite personnalisée d'une église qui servait également de refuge à la population environnante, nous prenons le thé avec lui. Il a raconté à Lilou ses malheurs : tumeur cérébrale opérée et irradiée (il enlève sa casquette pour bien nous montrer. Depuis, il est fatigué (on le serait à moins) et n'arrive plus à cultiver son jardin. Il a pris ce travail de gardien mais s'ennuie un peu : il n' a vu que 6 visiteurs dans la journée, nous compris.
Il réalise que je suis médecin à une question que je lui pose sur sa maladie, et se met en devoir de se déshabiller pour me montrer des boutons qui sont apparus pour son corps et qui le démangent. Après une hésitation, illumination : c'est un zona. Je le lui explique et lui fait un petit mot pour son médecin qui n'a pas fait le diagnostic (l'éruption est souvent atypique au tout début. Enthousiasmé par mes dons, il est prêt à se déshabiller encore plus d'autant qu'il reste gêné depuis le port d'une sonde vésicale et souffre d'un prurit mal placé! Nous avons un peu de mal à faire cesser son strp tease à la ceinture en l'assurant que ces problêmes secondaires seraient très bien réglés par son médecin une fois le zona guéri. Nous l'avons quitté très touchés de sa confiance, émus par la calme et le sérieux avec lequel il racontait ses misères. Nous sommes ses invités à vie pourprendre le thé ou revisiter l'église dès que nous repasserons.
Pour éviter les doublons, je vous montre simplement la cheminée "ascenseur" par lesquels les assiégés pouvaient communiquer avec l'extérieur et se faire ravitailler (photo 5)
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