Nous sommes dans la baie de Navarin et je ne résiste pas au plaisir de vous rapporter la dernière bataille sérieuse de la marine à voile qui s'y est déroulée en été 1927. En ce temps, oubliant leurs inimités passées, le Grande Bretagne, la France et la Russie avaient pris fait et cause pour l'indépendance des Grecs. Le traité de Londres aurait garanti leur autonomie, mais sous autorité turque, et les Turcs l'avaient rejeté. La flotte turco-égyptienne (89 navires) était rassemblée dans la baie ; l'amiral Codrington doté de larges pouvoirs pour "administrer le traité" décida d'entrer avec sa flotte pourtant bien inférieure numériquement (26 navires) dans la baie de navarin. La guerre n'était pas déclarée. La flotte anglaise entra dans la baie, musique sur le pont (mais sabords à demi-ouverts), et vint mouiller au milieu de l'arc formé par les bateaux turcs ébahis! Un navire égyptien fit feu, et la bataille s'engagea. Bien qu'en position de faiblesse, grâce à la supériorité de leurs cannoniers, les navires anglais firent un carnage et coulèrent la plupart des bateaux turco-égyptiens! Le gouvernement anglais présenta a posteriori ses excuses, et Lord Codrington ne fut pas officiellement félicité. Les Français liquidèrent ce qui restait d'opposition dans le Péloponnèse et la Grèce fut ainsi libérée. Stupéfiant, non? Merci à Rod Heikell d'avoir si bien relaté cet épisode dans le pilotye côtier Imray.
Nous décidons, moins glorieusement mais sans traîtrise de quitter le joli petit port (Photo N°1) et de faire un petit tour en voiture dans les alentours. Nous louons une petite Hundaï et roulons vers le nord où les ruines d'un palais mycénien ont été découverte, à une trentaine de Km de Pilos. Le vieux sage grec de la guerre de Troie ayant régné sur cette contrée, on en a fait a posteriori "le Palais de Nestor".
Joli site au dessus d'une lagune au nord de la baie de Navarin.Tout près du parking, une tombe mycénienne majestueuse, mais nous manquons d'explications (Photo N°2). Du palais, il ne reste que les fondations et les murs jusqu'à une hauteur de 1 mètre, mais cela suffit à donner une idée de l'importance de la demeure princière et de la disposition des lieux au rez de chaussée (il y avait un premier étage). Je ne vous montre que la disposition de la réserve d'huile, dans des amphores scellées jusqu'au collet dans l'argile (Photo n°3).
Puis nous descendons vers Methoni, le port dont nous avons franchi hier péniblement la rade, pour déjeuner puis jeter un coup d'oeil au ruines du fort vénitien aperçu hier, et à la tour turque qui fait front à la mer, juste devant la palais. L'un comme l'autre étaient destinés à contrôler la route maritime du Péloponnèse. Lorsque les turcs s'emparèrent de la place forte, Cervantès y fut emprisonné (qu'allait-il faire dans cette galère?). Je ne vous passe qu'une vue de la chapelle avec son clocheton, la corde pour tirer les cloches, et une petite chaise en dessous pour moine nain (ou suicidaire!). Je ne sais pourquoi ce paysage m'évoquait les films de Clint Eastwood à ses débuts, avec Zöe dans le rôle sur la photo N°4. La tour turque est magnifique, plus récente et mieux conservée que le fort ; vous la voyez déjà bien sur la photo de notre passage dans la rade.
Encore un effort, et nous remontons le bord ouest du golfe de Messénie jusqu'à un beau petit village lui aussi flanqué d'un chateau fort vénitien (ils contrôlaient toute la région à l'époque!) qui était surnommé "l'oeil de la République" ; un oeil peut-être pas très serein, mais certainement sérinissime. En tout cas la vue des falaises en contrebas est magnifique (Photo N°5).
Retour bien tardif vers 21h30 ; il y a de la route à faire le lendemain.
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